Le monde entier commence à se pencher sur la question de la dangerosité des écrans pour nos enfants. Oui mais ! Pourquoi le sont-ils ? Quels sont les effets sur le cerveau, à court et long terme ? Quid des adultes ? Ne sommes-nous pas tous·tes impacté·e·s par cette transition digitale extrême ? Les concepteurs d’applications s’évertuent à nous rendre accros, on vous explique comment de façon simplifiée, et surtout pourquoi tout faire pour se protéger des effets néfastes sur notre santé.
Les effets des écrans sur le cerveau : enfants et adultes
Cette notion est encore floue pour grand nombre d’entre nous. Des pédiatres alertent sur les retards de langage observés chez les jeunes enfants ou encore les troubles du comportement. Mais la plupart des parents continuent de laisser leurs enfants jouer sur la tablette ou le portable pour avoir un moment tranquille. Et oui, ces objets agissant tels des hypnotiseurs, votre enfant ne pourra pas vous déranger lors de ces moments où ses yeux sont rivés sur l’écran. Mais posons-nous la question ; Donnerions-nous un lexomil avec un verre de vin à notre enfant pour un moment de tranquillité ? Non bien sûr. Les écrans ont un impact aussi nocif et pourtant ça ne choque quasiment personne de voir un enfant avec une tablette au restaurant par exemple.
Conséquences générales de l'usage des écrans
Troubles du langage chez l'enfant
Plusieurs études, dont une récente, démontrent une association entre le temps passé devant un écran et les conversations parents-enfants au cours des premières années. Le premier interfère avec le temps d’interaction, indispensable au développement avant 3 ans. Les dessins animés ne permettent nullement de développer des fonctions cognitives à cet âge là (plus tard, ils peuvent participer à la compréhension des émotions). Avant 3 ans, le cerveau n’est pas assez mature pour de telles sollicitations, c’est pour cela que la recommandation est de 0 minutes devant un écran par jour pour les moins de 3 ans. Cela inclut la télévision, le téléphone, la console…
Troubles du comportement et de l'humeur
Les pédiatres observent des comportements jamais vus auparavant. Depuis quelques années, les spécialistes et les études relèvent le même problème alarmant ; les écrans et l’exposition à autant d’images augmentent les comportements agressifs, voire violents. Certains parents observent même chez leurs enfants des comportements proches de ceux de drogués en manque lorsqu’on leur retire l’objet tant convoité.
Chez l’adulte, les troubles de l’attention liés à la surconsommation des écrans entraînent sur le long terme de l’anxiété et possiblement de la dépression. En outre, elle nous fait « nous oublier » (défaut de l’attention introspective). Nous devenons moins attentif·ve·s à nos ressentis/besoins.
Troubles du sommeil et conséquences sur la vision
Ces conséquences atteignent également les adultes, puisqu’en règle générale, nous dormons quotidiennement 90 minutes de moins qu’il y a 50 ans. L’exposition aux écrans altère le temps de sommeil, mais également sa qualité. La lumière des écrans, en particulier la lumière bleue, stimule les récepteurs de nos rétines et perturbent nos rythmes circadiens. C’est le cas lorsque nous regardons des écrans le soir, mais également si nous en abusons la journée, d’autant plus si nous n’avons pas été assez exposé·e·s à la lumière du jour. Pour un enfant, ces effets sont encore plus délétères puisque le sommeil de qualité est indispensable à son développement. En outre, les yeux des enfants de moins de dix ans filtrent mal la lumière bleue. L’exposition aux écrans entraîne également des troubles de la vision. On observe une augmentation significative de cas de myopie et selon les prédictions, les problèmes de vision augmenteront encore de 55% durant les 30 prochaines années.
Perte de 25% des capacités cardio vasculaires et augmentation de l'obésité
Ces 4 dernières décennies, les enfants ont perdu 25% de leur capacité cardiovasculaire. Cette baisse inquiétante est directement liée à la diminution d’activité physique. Et à votre avis, pourquoi les enfants bougent moins ?
Pourtant, c’est durant les premières années de notre vie que nous nous forgeons un capital santé, évitant plus tard les problèmes de surpoids ou de pression artérielle.
Aujourd’hui, en France, près d’un français sur deux est en surpoids ou obèse. De quoi s’interroger, non seulement sur notre alimentation, mais également sur notre sédentarité.
Comment la santé mentale est-elle impactée par l'usage des écrans ?
Le cas de Molly Russel, enfant auparavant joyeuse et extravertie, n’est malheureusement pas isolé. Soumise à 16 300 publications liés à la dépression sur Instagram, elle fini par se suicider à seulement 14 ans. La justice britannique a conclu à la responsabilité des réseaux sociaux dans la spirale dépressive de la jeune fille. Les plus jeunes sont bien sûr les plus vulnérables face aux algorithmes des réseaux sociaux. Cependant, les adultes sont eux aussi soumis à la perversité et à la dangerosité de ces algorithmes. Ils nous enferment bien souvent dans un mode de pensée ; si vous êtes convaincu·e d’une chose, les algorithmes ne vont vous proposer que du contenu qui abonde en ce sens. L’autre conséquence notable est l’addiction, mais nous en reparlerons.
60% du temps libre des français passé sur les écrans
Étude Hobby One, réalisée par Vertigo Research en décembre 2023 auprès d’un échantillon de 14.000 personnes âgées de 11 ans et plus.
Et ce n’est pas vraiment de notre faute. En effet, nous sommes au beau milieu de l’ère de l’économie de l’attention. Et tous les biais qui nous poussent à devenir accros à toutes ces applications sont étudiés assidûment. C’est notamment le cas à l’Université Stanford où B.J Fogg a inventé le terme « captologie » pour définir le fait de capter l’attention de l’utilisateur, qu’il le veuille ou non. Qui a parlé d’éthique ?
L’intérêt vous vous en doutez, c’est de capter notre attention au maximum, afin que nous passions le plus de temps possible sur ces réseaux/plateformes etc. et le moins de temps possible à réfléchir pour ainsi… CONSOMMER PLUS, évidemment.
Comment ça fonctionne concrètement ? De façon simplifiée ; Nous possédons deux hémisphères dans notre cerveau. À gauche, le Striatum et noyau accumbens privilégie la satisfaction instantanée. À droite, le cortex orbitofrontal donne la priorité au raisonnement. Toutes les sollicitations auxquelles nous sommes soumis·es provoquent de la fatigue décisionnelle, nous poussant à utiliser la partie de notre cerveau qui privilégie la satisfaction instantanée. Résultat : nous sommes trop alangui·e pour réfléchir et nous préférons scroller sur les réseaux que de nous plonger dans la lecture d’un livre.
Cette petite roue insignifiante a été conçue sur l’exemple des leviers des machines à sous. À chaque fois que l’on actionne cette roue ou levier nous savons que nous avons la possibilité d’avoir une récompense (des nouvelles publications) mais pas laquelle (une publication sur quoi ? De quel ami ?). Scroller cette roue va agir comme une action vers l’obtention d’une récompense. La récompense est variable, les publications ne sont jamais les mêmes, alors nous retournons donc constamment sur l’application.
Notre intelligence entravée
Nombre d’études démontrent une corrélation entre temps d’écran et baisse des résultats scolaires. Mais également un appauvrissement du vocabulaire (lié directement au temps passé devant les écrans au détriment de la lecture), des retards de langage, une altération de l’attention et de la mémoire. Et cela ne concerne pas seulement les enfants et adolescents mais également les adultes. Qui n’a pas constaté une baisse de son attention, une fatigue décisionnelle ou encore un affaiblissement de sa mémoire ces dernières années ? Outre les problèmes de poids et de santé physique qu’elle provoque, la sédentarité est un facteur important de risque de pathologies neurodégénératives. Notre cerveau a besoin d’être stimulé quotidiennement tout comme notre corps a besoin de bouger pour protéger notre cerveau (et pas que).
La prise de conscience : le meilleur moyen pour se protéger du danger des écrans ?
Il est complexe d’évaluer précisément l’impact de l’usage des outils numériques. Le problème est très vaste et touche à plusieurs fondements chez l’être humain : les émotions, le social, le cognitif, la santé mentale et physique… Malgré tout, il est illusoire de penser que si nous ne faisons rien, nous ne nous retournerons pas dans quelques décennies en constatant les ravages provoqués par cette tornade incontrôlée. Conscients qu’il est temps d’agir, plusieurs gouvernements commencent à se pencher sur la question. Emmanuel Macron a déclaré vouloir instaurer un contrôle de nos écrans. Mais il semble difficile de mettre en place des lois réellement applicables. Il paraît indispensable de commencer par des actions de sensibilisation, afin que chacun·e prenne conscience du piège dans lequel nous sommes tous et toutes tombé·e·s. Le numérique est un atout éminent pour l’être humain. Faisons en sorte qu’il ne devienne pas notre pire ennemi.